Monsieur le président, à ceux qui se demandent avec angoisse quand
et comment nous allons céder à la guerre, je voudrais dire que rien, à aucun
moment, au sein de ce Conseil de sécurité, ne sera le fait de la précipitation,
de l'incompréhension, de la suspicion ou de la peur. Dans ce temple des Nations
unies, nous sommes les gardiens d'un idéal, nous sommes les gardiens d'une conscience.
La lourde responsabilité et l'immense honneur qui sont les nôtres doivent nous
conduire à donner la priorité au désarmement dans la paix. Et c'est un vieux
pays, la France, un vieux continent comme le mien, l'Europe, qui vous le dit
aujourd'hui, qui a connu les guerres, l'Occupation, la barbarie. Un pays qui
n'oublie pas et qui sait tout ce qu'il doit aux combattants de la liberté venus
d'Amérique et d'ailleurs. Et qui pourtant n'a cessé de se tenir debout face
à l'Histoire et devant les hommes. Fidèles à ses valeurs, il veut agir résolument
avec tous les membres de la communauté internationale. Il croit en notre capacité
à construire ensemble un monde meilleur.
Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,
Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman,
c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont
passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout
mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser
Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable je ne
peux le faire hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles
pourront servir à Serge, qui, je l'escompte, sera fier de les porter un jour.
A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines,
je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre
la voie que tu m'as tracée. Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que
j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme. 17 ans et demi,
ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous.
Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je
veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.
Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman,
Serge, papa, je vous embrasse de tout mon cœur d'enfant. Courage !
Votre Guy qui vous aime.
Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée,
surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l'admettre.
L'humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud,
et nous sommes indifférents. La Terre et l'humanité sont en péril et nous en
sommes tous responsables. Il est temps d'ouvrir les yeux. Sur tous les continents,
les signaux d'alerte s'allument. L'Europe est frappée par des catastrophes naturelles
et des crises sanitaires. L'économie américaine, souvent boulimique en ressources
naturelles, paraît atteinte d'une crise de confiance dans ses modes de régulation.
L'Amérique latine est à nouveau secouée par la crise financière et donc sociale.
En Asie, la multiplication des pollutions, dont témoigne le nuage brun, s'étend
et menace d'empoisonnement un continent entier. L'Afrique est accablée par les
conflits, le sida, la désertification, la famine. Certains pays insulaires sont
menacés de disparition par le réchauffement climatique. Nous ne pourrons pas
dire que nous ne savions pas ! Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne
pas, pour les générations futures, celui d'un crime de l'humanité contre la
vie. Notre responsabilité collective est engagée. Responsabilité première des
pays développés : première par l'histoire, première par la puissance, première
par le niveau de leur consommation. Si l'humanité entière se comportait comme
les pays du Nord, il faudrait deux planètes supplémentaires pour faire face
aux besoins. Responsabilité des pays en développement aussi : nier les contraintes
à long terme au nom de l'urgence n'a pas de sens. Ces pays doivent admettre
qu'il n'est d'autre solution pour eux que d'inventer un mode de croissance moins
polluant. Dix ans après Rio, nous n'avons pas de quoi pavoiser. La mise en œuvre
de l'Agenda 21 est laborieuse. La conscience de notre défaillance doit nous
conduire, ici, à Johannesburg, à conclure l'alliance mondiale pour le développement
durable. Une alliance par laquelle les pays développés engageront la révolution
écologique, la révolution de leurs modes de production et de consommation. Une
alliance par laquelle ils consentiront l'effort de solidarité nécessaire en
direction des pays pauvres. Une alliance à laquelle la France et l'Union européenne
sont prêtes. Une alliance par laquelle le monde en développement s'engagera
sur la voie de la bonne gouvernance et du développement propre.